Les révolutions commencent généralement grâce/à cause d’un petit groupe de personnes qui, soutenu par le reste de la population, change le régime en place.
(Avis à mes contemporains à propos des révolutions :
je crois qu’elles partent rarement d’une pétition !)
La Révolution des Oeillets a commencé de cette manière, mais elle a cette particularité de n’avoir fait que quatre morts en tout et pour tout.

Graffiti “Vers la liberté. Vive le 25 avril !”
© Henrique Matos / Wikimédia Commons / CC-BY-SA-3.0
En 1974, le Portugal courbait l’échine sous le régime totalitaire de Marcelo Caetano, régime qui avait joyeusement succédé à celui tout aussi totalitaire d’António Salazar de 1928 à 1968. Qui plus est, les hommes portugais devaient alors supporter quatre ans de service militaire et ils étaient souvent envoyés réprimer les révoltes des colonies portugaises en Angola, Guinée et Mozambique. L’époque n’était donc marrante pour personne, c’est peu dire.
Un bien beau jour cependant, une chanson passa à la radio et, comme par miracle (parce que c’était un signal), des militaires passèrent à l’action et firent ce qu’on appelle communément un coup d’Etat.
La chanson Grândola, Vila Morena de José Afonso1
C’était le 25 avril 1974 et ces militaires ont réussi non seulement à prendre le pouvoir mais à ensuite le rendre au peuple portugais sous forme de démocratie.
Un film intitulé “Capitaines d’avril” retrace ces évènements. On y voit de jeunes capitaines de l’armée se proclamer Mouvement des Forces Armées, prendre d’assaut les moyens de communication (c’est-à-dire, la radio principalement), mettre en détention un bon nombre de hauts gradés de l’armée, demander que le Premier Ministre se rende, etc.
Ce n’était pas du tout gagné d’avance. A l’intérieur de l’armée même, tous n’étaient pas partants. Les capitaines insurgés ont par ailleurs également rencontré la difficulté majeure de ne pas être assez haut gradés pour être pris au sérieux par le gouvernement et obtenir qu’il veuille bien discuter avec eux …
Le Général António de Spínola2 entra heureusement en contact avec le mouvement et obtint lui-même la démission du gouvernement.
Le peuple soutint rapidement ce soulèvement et donna des oeillets aux soldats, les fusils et les pochettes des uniformes se prêtant parfaitement à exposer fièrement des fleurs.
Notes :
1 Les paroles en français de Grândola, Vila Morena sont par ici !
2 Peu de temps avant la Révolution des Oeillets, le Général Spínola et le Général Costa Gomez avaient été limogés de l’armée pour avoir co-écrit un livre intitulé le Portugal et son futur où ils préconisaient une solution politique et non militaire au problème du soulèvement des autochtones dans les colonies portugaises.
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